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Exposition collective
VERNISSAGE LE JEUDI 7 AVRIL 2011 A 18H30
Une exposition avec :
RICHARD DUMAS, TONIO MARINESCU, IAN CRADDOCK,
PATRICE POCH, JO PINTO MAIA, DANY DELBOY et GILDAS RAFFENEL
L’univers du rock, loin d’être exclusivement musical, est également visuel. Graphistes, photographes, vidéastes, stylistes et scénographes sont autant que les musiciens et les techniciens les créateurs de cette esthétique. Ils conçoivent les pochettes de disques, publient des photographies dans les magazines, produisent affiches, bandeaux, posters, autocollants, tee shirts, etc. Il ne s’agit pas uniquement de promouvoir cette musique mais aussi de contribuer à la création d’un monde, d’une culture, de véhiculer son message et des valeurs telles que la révolte et la liberté.
L’univers visuel et musical du rock s’étend du milieu underground à l’environnement commercial. De nombreux graphistes exposent dans les restaurants, les cafés, les lieux alternatifs pour le plaisir, quand ils ne sont pas devenus des professionnels. Quant aux équipes artistiques, tout en étant au service de la production musicale, elles sont composées d’artistes à part entière. Les photographies, par exemple, ont leur valeur propre en plus d’être des produits promotionnels.
L’esthétique du rock oscille entre la fabrication d’icônes mythiques et la confession intimiste. Aux photos de scène et de studio, s’ajoute une immersion dans l’intimité des groupes. à la magie des projecteurs succède l’atmosphère des coulisses et des bars enfumés. Les images des magazines et fanzines ornent les chambres des fans et lient l’intimité à la légende. L’univers rock rejoint la vie quotidienne. L’expressionnisme du rock parle de nos sentiments, son côté pop-art de notre contact quotidien avec la marchandise fétichisée. On retrouve aussi l’art pauvre et les matériaux de récupération, l’art contextuel et urbain du tag. Le spectateur, de groupie fascinée, peut devenir acteur, vivre au cœur de l’art qu’il contribue à développer dans sa manière de se vêtir, d’écouter, de meubler, de dessiner ou de jouer. L’art populaire est une forme spontanée du design de l’environnement moderne.
D’un point de vue historique, la complainte blues, l’évasion hippie, la rage punk et l’indignation des rappeurs, en dépit de leurs différences et de leur opposition, participent d’une culture commune de la contestation. D’un point de vue géographique, le rock est l’occasion d’un dialogue entre les régions, les pays et le monde. Les groupes régionaux rejoignent les maisons de disques des capitales et s’intègrent à la culture populaire mondiale. Le rock est un phénomène local. Impliqué dans la culture de masse américaine, il est devenu, paradoxalement, l’outil moderne de l’expression des particularismes (ici le punk-rock rennais des années 80, qui est une composante importante et durable de l’identité de la ville).
Les années quatre-vingt à Rennes ont vu l’émergence d’une vie culturelle dense. La mode de l’époque, issue de l’Angleterre à quelques kilomètres, est au punk, avec des groupes comme Kalashnikov, P38, Wart, Trotskids, Frakture (ainsi qu’à la new wave et la cold wave, avec encore de nombreuses autres formations). Dans son contenu, ce mouvement véhicule un message pessimiste et sarcastique affirmant une sorte de complaisance fataliste pour les univers urbains et post apocalyptiques opposés à l’apologie hippie de la nature. Ce qui caractérise le punk, d’un point de vue formel, est son accessibilité par sa simplicité. Il s’oppose en cela à la musique bien souvent virtuose des années soixante-dix. Cette démocratisation de l’art a favorisé la rencontre des pratiques, puisqu’en principe n’importe qui pouvait jouer de la guitare, jeter un dessin, coller des matériaux récupérés, même si de nouvelles formes de compétences virent le jour grâce à cette liberté.
La rencontre des pratiques a permis à la ville de Rennes de se créer une identité culturelle, avec des communautés artistiques transversales où musiciens, plasticiens, etc. se côtoyaient dans les bars et les salles de concert. Des institutions prestigieuses comme les Transmusicales ou l’Ubu sont issues de cette effervescence. DMA tente avec Poch de faire revivre cette époque, moins par nostalgie que pour encourager les pratiques émergentes. Entre 1981 et 2011, Rennes a vu passer la pop des années quatre- vingt- dix, l’électro, le rap, etc. mais l’avenir reste à inventer. L’histoire de la contre culture rennaise doit inviter les nouveaux créateurs à s’associer à leur tour pour élaborer ensemble l’univers esthétique dont nous avons aujourd’hui besoin.
R. Edelman
Private view on April 7th at 18:30.
The rock music’s world, far from being exclusively music is also visual. Every graphic designer, photographer, video director, fashion designer and exhibition space designer are, for the same reasons as the musicians and the technicians, creators of that aesthetics. They design record sleeves, publish pictures in magazines, make posters, banners, stickers, tee-shirts etc. It is not only about promoting this type of music but also about contributing to the creation of a world, a culture, about conveying your message and values like rebellion and freedom.
The visual and musical universe of rock extends from the underground to the commercial environments. Many graphic designers exhibit in restaurants, cafés or alternative places just for the fun of it. As for the art teams, while being dedicated to music making, they are composed of fully-fledged artists. Pictures, for instance, besides having their own value, they also are promotional goods.
Rock aesthetics vacillates between production of mythical emblematic figures and intimist confession. To stage and studio’s pictures is added an immersion in bands’ privacy. To the magic of spotlights follows the atmosphere of the backstage and the smoke-filled bars. Pictures from magazines and fanzines are hung on the walls of the fans’ rooms and bind privacy to the legend. The world of rock music joins the everyday life. The rock music expressionism talks about our feelings, its pop-art side of our everyday touch with idolized goods. We also find process art and scrap, contextual and urban art of graffiti. The audience, an avid follower, can become actor and live at the heart of the art in which he takes part in development through his way of dressing, listening, furnishing, drawing or playing. Popular art is a spontaneous type of modern environment design.
From a historical point of view, the blues lament, the hippie escape, the punk rage and the rappers’ indignation, in spite of their differences and their opposition, take part in a common culture of protest. From a geographical point of view, rock is the chance for a dialogue between regions, countries and the world. The regional bands join the capital’s record labels and are incorporated to global popular culture. Rock is a local phenomenon. Involved in American mass culture, it became, paradoxically, the modern mean of expression of the distinctive identities (here the 80s’Rennes punk-rock, which is an important and lasting component of the city’s identity).
The 1980s in Rennes had seen the emergence of a significant cultural life. The fashion of the time, coming from England at a few miles away, is rather punk with bands like Kalashnikov, P38, Wart, Trotskids, Frakture (and also new wave and cold wave, with even more groups). In its content, this movement conveys a pessimistic and sarcastic message, maintaining a sort of fatalist obligingness for urban worlds, post-apocalyptic, opposed to the hippie panegyric of Nature. What characterizes Punk, from a formal point of view, is its accessibility through simplicity. In that, it is opposed to the 70s’music, often virtuosic. This democratization of Art had favoured the meeting of practices, because by principle, anyone could play guitar, jot a drawing down, and stick together scrap, even if new forms of skills appeared thanks to this freedom.
The meeting of the practices allowed the city of Rennes to build up a cultural identity, with transverse artistic communities in which musicians, visual artists etc. mixed in bars and concert halls. Some prestigious institutions like the Transmusicales festival or the Ubu concert hall result from this turmoil. DMA is attempting with Poch, to revive this time, less by nostalgia but rather to stimulate the emerging practices. Between 1981 and 2011, Rennes had seen the 1990s’ pop, electro music, rap etc. passing by, but future is still to be created. The history of the Rennes counterculture has to induce the new designers to go into partnership to work out together the aesthetic world which we need today.
R. Edelman
Traduction : Kanhlayany